Vivre à Sao Paulo : L’exemple de Jenny

Encore et toujours, je continue à mettre vos histoires en avant. Après avoir par exemple raconté l’histoire de Margaux qui à la chance de vivre à Rio, ou encore celle de Mickaël qui vit en Croatie, je suis aujourd’hui allé à la rencontre de Jenny qui a eu la bonne idée de partir vivre à Sao Paulo. Curieux de savoir combien ça coûte ? Si les Brésiliens sont sympas ? Cette interview va vraiment vous intéresser 🙂

Vous vivez aussi à l’étranger et vous aimeriez partager votre expérience auprès de la grande communauté de Votre Tour du Monde? C’est simple, envoyez-moi un petit mail 🙂

Bonjour Jenny, peux-tu te présenter ?

J’ai 31 ans, je suis originaire de la petite ville de Auch, dans le sud-ouest de la France, mais j’ai majoritairement grandi à Angers où j’ai notamment fait mes études de pharmacie, puis de management spécialisé en marketing.vivre-a-sao-pauloAprès des postes aux 4 coins de la France et Monaco, puis j’ai été piquée par le virus de la bougeotte internationale… J’ai déménagé au Brésil (2 ans)… puis au Portugal (18 mois)… puis au Canada (6 mois)… puis en Australie où je me trouve actuellement pour une durée totalement indéterminée ! 😉

Aujourd’hui, je suis surtout blogueuse – notamment sur My Globe Story – écrivain, et une grande utopiste qui croit encore que l’on peut transformer notre planète en un monde de bisounours 😉 . L’espoir fait vivre !

Pourquoi es-tu partie au Brésil ? Pourquoi São Paulo ?

Question d’opportunité 😉 À la fin de mes études en 2009, ayant du mal à trouver du taf dans mon domaine, j’ai décidé de tenter l’étranger. Le projet était de partir en Australie en WHV (Working Holidays Visa) fin 2010. Entretemps, j’ai vu cette offre de VIE (Volontariat International en Entreprise) au Brésil dans un laboratoire pharmaceutique de renommée internationale, et j’ai postulé, juste comme ça, sans réelle conviction. Mais il se trouve que j’ai été prise pour ce VIE, et du coup, il a fallu faire un choix : un emploi bien encadré dans un pays que je n’avais pas vraiment envisagé jusqu’à ce moment-là (simplement parce qu’il me paraissait inaccessible) ou pas d’emploi dans le pays de mes rêves ? Je n’avais que 25 ans à l’époque, je savais que je pourrais éventuellement faire le WHV après, alors j’ai sauté sur le VIE au Brésil, en mettant dans ma valise mon conjoint (aujourd’hui mon mari 😉 ) qui a accepté de me suivre dans cette aventure.

Je n’ai pas eu le choix de la ville, le laboratoire en question se trouvant à São Paulo.

As-tu vécu un choc culturel important ?

Pas tant que ça.

En fait, j’en ai bel et bien vécu un, oui, mais c’est uniquement lié au fait que c’était ma réelle première expérience de vie et d’emploi à l’étranger. En dehors d’un court stage Erasmus au Portugal en 2007, je n’avais jamais vécu à l’étranger, ni même voyagé d’ailleurs ! Et je pense que dans ce cas, peu importe où on va, le choc culturel est toujours présent la première fois.

sao-paulo-vivre-aMais en dehors de ça, je me suis très rapidement sentie chez moi, voire même brésilienne, donc le véritable choc culturel n’était pas si poussé que ça. Puis la ressemblance du portugais (brésilien) avec le français, ainsi que l’omniprésence de la culture européenne au travers de la grande mixité ethnique présente à São Paulo, font que je me suis sentie assez proche de ce pays dès les premiers instants.

Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans la vie à São Paulo ?

La liste peut être longue, mais je vais me contenter de n’en citer que quelques uns.

  • La découverte continue. Chaque instant, du moment où je suis arrivée jusqu’à la dernière minute sur le territoire 2 ans plus tard, n’a été que découverte, à la fois de São Paulo, mais aussi de tous les endroits magiques auxquels j’ai facilement pu accéder en habitant cette mégalopole (énormément de vols et bus directs partout dans le Brésil)… J’ai parcouru le Brésil en long en large et en travers, et j’ai trouvé ça génial. Et moi, devant la découverte, je suis comme une gamine : émerveillée. Autant te dire que ces deux années au Brésil ont été un véritable plaisir tant l’émerveillement était présent au quotidien, même si, bien sûr, il y a des choses négatives aussi (j’y viens dans la prochaine réponse)
  • La folie d’une ville de 22 millions d’habitants ! La ville la plus grande dans laquelle j’avais vécu avant, c’était Nice… juste 3 mois quand je bossais à Monaco. À São Paulo, j’ai découvert une ville vivante H24 (ça dépend des quartiers, bien sûr), cosmopolite, et j’y ai fait des rencontres inoubliables, des gens qui sont devenus de véritables amis, même si des milliers de kilomètres nous séparent aujourd’hui.

A l’inverse, qu’est-ce que tu n’apprécies pas trop ?

  • Les embouteillages à São Paulo et sa région sont juste monstrueux, et le réseau de métro est hyper light compte tenu de la taille de la ville! Tu vas vite remercier les 2 roues d’exister, même si c’est assez risqué de se balader scooter/moto là-bas.
  • La probabilité élevée de se faire agresser. Même s’il ne m’est absolument rien arrivé (pas à São Paulo en tout cas) et que je pouvais vivre tout à fait normalement, j’étais parfois incommodée par le fait de constamment devoir faire attention, compte tenu des problèmes de violence dans le pays… C’est peut-être justement parce que j’ai respecté quelques règles de base que tout s’est bien passé, mais n’empêche que parfois, c’est pesant d’avoir sans arrêt des consignes…

Il y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?

Absolument pas, je me suis habituée à tout très rapidement 🙂

Tu as dit que tu as vécu dans différents pays depuis (Portugal, Canada et Australie)… Alors, qu’as-tu préféré ?

Si je devais comparer les villes dans lesquelles j’ai habitées, je crois que j’aurais du mal à dire laquelle j’ai préférée car chacune a été extrêmement différente, d’autant que mes conditions de vie (directement liées au type de visa qui m’amenait sur place) étaient très différentes à chaque fois aussi.

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En revanche, si on parle plutôt des pays, c’est sans aucun doute au Brésil que j’ai préféré vivre jusqu’à maintenant. Je suis littéralement tombée amoureuse de ce pays, à tel point que partout où je vais, je cherche prioritairement à me rapprocher de la communauté brésilienne !

Comment est le marché du travail là-bas ?

De 2011 à 2013, le pays était un de ceux qui affichait une forte croissance économique. Le potentiel était énorme à tous les niveaux. Aujourd’hui je crois qu’il y a toujours du potentiel, mais le système ne fonctionne plus tel qu’il est, et le pays traverse une crise assez difficile qui se résoudra uniquement par une refonte du système.

Il y a toutefois des opportunités pour qui veut vraiment, je reçois des offres intéressantes tous les jours pour ma part. D’ailleurs, le PVT (Permis Vacances Travail) devrait prendre effet bientôt pour le Brésil, belle porte d’entrée pour tenter l’aventure brésilienne pour ceux qui auraient encore l’âge (bouh je me sens vieille) !

Et le coût de la vie à São Paulo est-il très important?

Aïe, oui… La première année sur place, je n’ai pas trop été gênée par cet aspect. J’étais dans des conditions royales avec le contrat que j’avais décroché, mon salaire (qui est en réalité une indemnité dans le cas d’un VIE) était uniquement de l’argent de poche pour découvrir le pays en long en large et en travers à la moindre occasion. La deuxième année, j’étais passée en contrat local dans un business tout récent, et là, c’était bien plus compliqué financièrement parlant, mais j’arrivais à vivre quand-même.

Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie à São Paulo?

Difficile à répondre, car tout dépend de la conception du confort, et c’est extrêmement variable en fonction du quartier où tu veux vivre… Quand tu veux éviter de passer 4h dans les transports par jour, tu as tout intérêt à choisir ton quartier en fonction de ton lieu de travail ! Et puis les choses ont énormément évolué en 3 ans, depuis que j’en suis partie.

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Je vais prendre mon exemple pour donner un ordre d’idée. En 2012, on vivait correctement à 2 sur 5000 reais par mois (environ 1200 euros aujourd’hui), dans un appartement tout neuf, 2 chambres, non meublé, dans un quartier populaire en périphérie de São Paulo (bien loin des quartiers d’expats), proche d’une ligne de métro. Pas de voiture, on se déplaçait soit en scooter, soit en métro. Côté consommation, on consommait local, en achetant au petit marché du quartier (20 reais pour 10 kilos de fruits et légumes sensationnels !). Et un voyage par mois était possible 😉 (Je précise que je voyage à pas cher, auberge de jeunesse, bus, exclusivement nourriture locale, etc.)

Pour quelqu’un qui veut vivre à la française, proche des quartiers français, etc., la facture est bien plus salée, surtout aujourd’hui !

Les températures ne sont pas trop extrêmes en été ?

Ça va, très régulièrement autour de 35°C, mais perso, je n’en ai pas souffert. Ce sont plus les pluies torrentielles quotidiennes qui étaient un peu lourdes parfois, mais il semblerait que ces 2 dernières années aient été bien plus sèches pendant l’été.

Et les Brésiliens, qu’en penses-tu?

J’adore leur mentalité, et je ne les remercierai jamais assez d’être comme ils sont ! Ils m’ont enseigné tellement de choses sans s’en rendre compte… Ils m’ont métamorphosée, radicalement, ils m’ont appris à profiter de la vie à chaque instant, ils m’ont appris à toujours voir l’aspect positif d’une situation, ils savent faire des compliments et critiquent peu… Passer d’un pays où tout le monde se plaint de tout tout le temps à un pays où tout le monde est content et super positif, ça fait bizarre ! Et ça rend difficile un retour, voire impossible, un retour en France derrière…

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Je n’oublierai jamais la veille de mon départ définitif du pays… J’étais dévastée. En faisant un dernier tour de notre quartier, et en disant aux commerçants que nous partions, l’un d’eux m’a dit : «si cette expérience prend fin aujourd’hui, c’est parce que tu as d’autres choses géniales à vivre ailleurs, c’est le destin. Mais si tu as aimé le Brésil, c’est que tu laisses ici une partie de ton cœur, et on peut pas vivre sans son cœur, alors un jour, tu reviendras». Je l’ai un peu pris pour un fou sur le coup, mais je sais aujourd’hui exactement ce à quoi il faisait allusion, car une chose est sûre, je retournerai là-bas !

Combien de temps es-tu restée au Brésil ?

Au total, quasiment 2 ans. Dans le cadre de mon second contrat, contrat local donc, j’étais censée rester pour un bon moment. Les choses n’ont pas marché comme souhaité, j’ai dû poser ma démission assez rapidement, ce qui m’a contrainte à quitter le pays plus tôt que prévu. Mais j’étais vraiment partie pour y rester plus que ça. Tant pis, ça m’aura permis de découvrir le Portugal, le Canada et l’Australie, et de continuer à m’enrichir d’expériences culturelles uniques 😉

Un dernier mot, un dernier conseil?

En résumé de mon expérience brésilienne, je n’utiliserais qu’un seul mot. Métamorphose. Confrontée à une nouvelle culture, une nouvelle vie, dans un nouvel environnement, ça a été comme une nouvelle rencontre avec moi-même. J’ai découvert ce que j’aimais vraiment, qui j’étais vraiment, et j’ai véritablement changé sur plein de plans (en positif, je pense… enfin j’espère !), et je me suis littéralement laissée aller à cette soif de découverte qui m’anime depuis toute gamine ; cette expérience m’a permise de devenir moi-même, tout simplement 🙂

Pour finir, si vous me lisez, c’est que vous vous intéressez un minimum au Brésil, que ce pays vous rend curieux. Mais le Brésil ne se décrit pas, il se vit… Alors je ne peux que vous encourager à aller découvrir ce pays par vous-mêmes !

Merci à Jenny pour ce témoignage qui donne envie de partir vivre à São Paulo. Si vous avez des questions, n’hésitez pas : les commentaires sont faits pour ça 🙂