« Faut-il partir ? Rester ? Si tu peux rester, reste. » – Charles Baudelaire
Tous les voyageurs connaissent la délicieuse sensation que sont les préparatifs du voyage. On imagine, on rêve, on dessine son périple et on ne rêve que d’une chose : partir. Mais ce bonheur est vite envolé car une fois sur la route, il faut déjà penser à revenir.
Le retour du voyage est la phase la plus délicate, et c’est d’ailleurs celle dont on ne parle quasiment jamais. Pourtant, il faut savoir partir pour mieux revenir…
Savoir revenir
La Coupure
Les voyages ont ceci de formidable, qu’ils laissent absolument tous les soucis quotidiens derrière nous. On ne pense plus à rien, si ce n’est à l’instant présent. Le passé ne veut plus rien dire et le futur importe peu : on vit, tout simplement. On oublie tous les petits désagréments du quotidien car on l’a tout bonnement quitté. On profite différemment puisque la date de fin ne nous est plus inconnue. On vit à 100 à l’heure, conscient de l’éphémère, on s’émerveille d’un rien, on touche à tout, on veut tout savoir, tout comprendre, on veut le vivre à fond et profiter de chacune des minutes qui nous séparent du retour. On ignore si, un jour, on reviendra, alors il n’est pas question de rentrer chez soi avec des regrets.
Ce qui différencie tant le voyage de la vie quotidienne est que la vie de tous les jours est rythmée par la raison. En voyage, la raison disparaît pour laisser place à la spontanéité ; la honte n’existe plus, les préjugés non plus. Chaque rencontre est une nouvelle inspiration, une nouvelle découverte de soi. La vie de tous les jours peut parfois sembler bien triste à côté des voyages car justement, elle n’a pas ce côté instinctif qui nous anime à l’autre bout du monde ; on réfléchit toujours avant d’agir et parfois même, par crainte, on n’agit pas.
« J’aimerais pouvoir être cette même personne aussi bien dans mes voyages que dans ma vie. J’aimerais être celle allant à la rencontre des autres simplement en ouvrant grand les bras à des inconnus. J’aimerais ne pas réfléchir, sourire aux autres et aimer sans jamais faire attention. Tous mes complexes ont disparu, toutes ces pensées superflues qui bourdonnaient dans ma tête ont laissé place à une simplicité, un soulagement si agréable qu’ils me font presque peur. » Chili, août 2013
Les rencontres
Les rencontres lors d’un voyage sont assez particulières. Ce sont des personnes qui passent dans votre vie comme un courant d’air traverse une pièce, on ne connaît presque rien de celles-ci et pourtant, elles partagent avec vous les chapitres les plus beaux de toute votre vie. Elles font partie du voyage et, en cela, elles font en quelque sorte partie de vous.
Les voyages ont cette magie en ce qu’ils nous offrent de nouvelles « premières fois ». Plus on avance, plus on grandit, et qui peut prétendre encore avoir fait quelque chose pour la toute première fois. Le voyage, lui, nous délivre de ce déjà-vu et nous donne la possibilité de vivre, encore une fois. On découvre de nouvelles saveurs, de nouvelles activités, de nouveaux paysages, de nouvelles personnes. Tout est nouveau et frais, tout est absolument unique et on redécouvre le monde avec des yeux d’enfant, que l’on ait 20 ou 80 ans. En voyage, vous pouvez être qui vous voulez. Personne ne vous connaît, tout est aussi nouveau pour eux que pour vous. Et le retour peut vite être brutal.
Le syndrome post-voyage
Lorsqu’on part, on vit de nouvelles expériences, des découvertes aussi bien extérieures qu’intérieures. N’importe quelle personne qui voyage doit avoir à l’idée, avant même de partir, que le retour arrivera tôt ou tard. Il ne faut jamais avoir à l’idée que l’on quitte tout sans avoir à l’esprit qu’il faudra, un jour, revenir. Certains estiment que le retour est facile mais que la réintégration, elle, est assez délicate. La confrontation soudaine à la réalité est parfois très difficile à encaisser. Il y a souvent un décalage immense entre nos attentes et ce qu’il en est vraiment. On est parfois pressé de revoir les gens qu’on aime et souvent déçus de ce que l’on a finalement quitté. On essaye de raconter son voyage mais on finit par réaliser que le récit est vain.
« Fernanda m’a dit que le retour, c’est un peu comme une rupture amoureuse. Le voyage est beau, hors du temps, mais un jour il faut revenir à la réalité et une fois qu’on a cela en tête, le retour à la vie quotidienne se fait plus facilement. Tout a un début. Et tout à une fin. Pourquoi quitter ce que l’on aime et pourquoi devoir toujours partir ? Pourquoi ce qui est agréable doit-il toujours finir ? » Brésil, janvier 2013
Après un voyage, beaucoup de choses changent, et le changement le plus important ne s’est pas opéré autour de vous, mais en vous. Il arrive qu’au retour d’un voyage, on voit les choses autrement, avec un autre regard, que les petits problèmes de vos proches vous ennuient, que les plaintes continues vous fatiguent. Nos choix peuvent se retrouver changés au retour d’un voyage, on n’aborde plus la vie de la même façon. Qu’importe la durée du voyage, il nous façonne, nous fait, nous défait et nous invente : au retour, on n’est ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.
Alors, certes, chaque voyage implique nécessairement un retour et celui-ci doit être ancré dans notre esprit dès le départ pour ne pas que la chute soit trop difficile. Mais sans doute faut-il revenir pour pouvoir apprécier pleinement le voyage car sans le retour, pourrait-on prétendre avoir voyagé…
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