Vivre à Townsville: l’exemple de Tiffani

Après nous avoir parlé de son expérience en Norvège, Tiffani raconte cette fois à quoi ressemblait sa vie à Townsville, une ville du nord-est de l’Australie. Si vous voulez habiter au pays des kangourous, mais que les grandes métropoles comme Sydney ou Melbourne ne vous attirent pas, cet article risque bien de vous intéresser 🙂

Vivre à Townsville

Bonjour, peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Tiffani, j’ai 23 ans, je suis originaire de Lyon et j’ai fait une école d’ingénieur, ISARA-Lyon, avec une spécialisation en environnement et gestion des ressources. Je suis passionnée de voyages et j’ai donc profité de mes études pour visiter d’autres pays. J’ai dû faire un stage à l’étranger au cours de mes études, et j’ai donc choisi l’Australie.

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Pourquoi es-tu partie en Australie ? Et pourquoi as-tu choisi Townsville ?

J’avais un stage obligatoire de 3 mois pour mes études : juillet, août et septembre. Tant qu’à rater l’été français, autant profiter du stage pour se faire des vacances ! J’ai toujours rêvé d’aller en Australie et j’ai saisi cette opportunité. J’ai davantage ciblé le nord de l’Australie puisque c’était l’hiver là-bas.

J’ai réussi à trouver un stage au sein du CSIRO, le plus grand centre de recherche australien (du même genre que le CNRS en France), dans la division des sciences écosystémiques à Townsville, dans le Queensland du nord.

Est-ce qu’il y avait des préparatifs particuliers à faire ?

Il est obligatoire d’avoir un visa pour aller en Australie, qu’on soit touriste ou travailleur. Le site de l’immigration australienne (que vous pouvez consulter ici) est très bien fait pour trouver le visa qui correspond le mieux à sa situation.

Dans ma valise, j’ai dû emporter des affaires pour plus de 3 mois (je prévoyais de rester dans le pays pour visiter après la fin de mon stage). J’arrivais en hiver et je repartais au printemps. Cependant, l’hiver dans le Queensland du nord n’est pas très froid puisqu’il s’agit d’une zone tropicale. Quand je suis arrivée début juillet, c’était le plein hiver et il faisait 27°C quand je suis descendue de l’avion. La température minimale a été de 7°C en pleine nuit. Il fallait donc quelques pulls mais en règle générale, la température était autour d’une vingtaine de degrés. Cependant, plus au sud, il peut faire très froid avec des gelées matinales. Cela dépend vraiment d’où on est.

As-tu vécu un choc culturel important ?

Je n’ai pas vraiment eu de choc culturel. Les Australiens sont très anglais au quotidien (pause thé dans la journée, bière en début de soirée, etc.), mais ils sont surtout très accueillants, très aidants, d’une gentillesse rare. Ils m’ont appris un nouveau mode de vie. C’est la première fois que je vivais hors de France. Les journées de travail sont très différentes : le soleil se couche tôt, à 18h, et tout le monde est chez soi avant le coucher du soleil. Il y a une volonté importante de séparer vie professionnelle et vie personnelle.

De plus, le stress ne se ressent pas comme il pourrait se ressentir en France. Les gens sont vraiment détendus, toujours là pour aider… Je suis davantage habituée à la vie dans les grandes villes françaises, avec le stress permanent, les embouteillages, les gens pressés, qui râlent, dans l’optique « chacun pour soi »… Je pense que le choc culturel a donc été de voir un nouveau mode de vie, complètement différent de celui auquel je suis habituée.

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ta nouvelle vie ?

C’est ce mode de vie qui me plaît le plus. Le soleil se lève vers 5h du matin, beaucoup de personnes se lèvent tôt pour faire du sport avant le travail. Le weekend, les australiens sont dans les parcs à faire des barbecues (il y en a pleins mis à disposition dans la ville). Il fait vraiment bon vivre et ça se ressent au quotidien.

De plus, la nature est omniprésente. Townsville est une grande ville pour l’Australie, mais rien à voir avec les grandes métropoles comme Sydney et Melbourne. Tous les matins pour aller au travail, je prenais mon vélo et je faisais 6km le long de la rivière. Le cadre était magnifique, des perroquets m’accompagnaient pendant mon trajet (loris arc-en-ciel, cacatoès, etc.) et j’avais même l’occasion de voir des wallabies en partant en fin de journée, voire même des crocodiles dans la rivière ! Ce sont des espèces que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer. Je me souviendrai toujours du premier wallaby que j’ai vu, j’ai lâché mon vélo pour le prendre en photo mais il s’est enfui, un australien est venu me voir en remarquant mon air déçu, pour me dire qu’il y en avait des tonnes à cette période de la journée et que j’allais finir par moi aussi être habituée à les côtoyer.

Si l’Australie vous intéresse, vous pouvez aussi aller faire un tour sur mon article Que faire à Sydney.

A l’inverse, qu’est-ce que tu n’apprécies pas trop ?

Je n’aime pas le regard qu’ils portent sur les Aborigènes. En fait, il y a deux types d’australiens : ceux qui sont pour les Aborigènes et qui tentent de les intégrer à la population, et ceux pour qui aborigène est synonyme de criminalité. J’ai pu échanger avec ces deux types de personnes. Dans la recherche, ils font en sorte de faire travailler les Aborigènes et d’utiliser leurs connaissances. Après tout, c’est eux qui connaissent le mieux les terres et l’écosystème associé. J’ai donc eu l’occasion de travailler avec différentes familles aborigènes qui m’ont parlé de leur culture et des projets qu’ils avaient.

Il est vrai que les Aborigènes n’ont pas toujours eu accès à l’école ou au travail, ce qui fait que beaucoup sont dans les rues et que de nombreux enfants sont laissés pour compte.

De l’autre côté, ma colocataire était policière à Townsville, qui est une ville à forte population aborigène. Il est vrai que les Aborigènes n’ont pas toujours eu accès à l’école ou au travail, ce qui fait que beaucoup sont dans les rues et que de nombreux enfants sont laissés pour compte. Elle ne voit donc que ceux qu’ils arrêtent. Pour elle, ce sont principalement des délinquants qui ne veulent pas prendre leur vie en main. Le problème est que de nombreux Australiens pensent comme elle, ce qui rend les choses difficiles à changer.

Il y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?

Je n’ai pas vraiment eu de difficultés d’adaptation. Dès le premier weekend où je suis arrivée, je me sentais vraiment bien et tout le monde m’a permis de m’adapter très facilement à cette vie, que ce soit au travail ou au quotidien.

Tu as longuement habité en France… Alors, tu préfères vivre à Townsville ou notre cher pays ?

Je ne voulais pas retourner en France. J’ai d’ailleurs assez mal vécu mon retour… Je n’ai vécu qu’une courte période là-bas donc je ne peux pas non plus me prononcer sur la vie définitive. Je suis partie au printemps et il commençait à faire très chaud et humide. Il y a deux saisons dans les tropiques : saison sèche et saison des pluies. Je ne suis pas sûre que je puisse vivre pendant la saison des pluies : il fait très chaud, le taux d’humidité est très important et lorsqu’il pleut, c’est impressionnant.

En plus, j’ai eu l’occasion de voir « l’autre côté » de la vie en Australie et ainsi mesurer notre chance en France. L’université coûte très cher, 20 000 dollars l’année, les frais de santé sont aussi exorbitants et pas toujours remboursés (cela dépend vraiment de l’entreprise où l’on travaille) et la sécurité de l’emploi n’existe pas, puisque de nombreux chercheurs ont perdu leur travail pendant que je faisais mon stage. En effet, le gouvernement en place souhaitait faire des économies et ne croyait pas en la recherche.

J’aimerais beaucoup vivre en Australie, mais il faut être conscient de la réalité de la vie et mesurer le pour et le contre avant de vraiment se décider.

Comment est le marché du travail là-bas ?

Le taux de chômage est très bas en Australie. Cela dépend du secteur, mais il n’est pas trop difficile de trouver du travail.

Et le coût de la vie à Townsville, est-il très important ?

Le coût de la vie en Australie est très élevé, davantage dans les villes ou dans le désert. A Townsville, ça allait. Mon loyer était de 150$ la semaine, dans une maison en colocation avec toutes les facilités. Ce prix peut largement doubler voire tripler dans des villes comme Sydney et Melbourne. La nourriture est aussi très chère, de même que les transports. En fait tout est bien plus cher qu’en France. Il faut savoir gérer son argent efficacement.

Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie à Townsville ?

Je n’étais pas rémunérée pendant mon stage, je ne sais donc pas quel est le salaire moyen en Australie. Je sais qu’il est bien plus élevé qu’en France. Je pense donc qu’on peut très bien vivre tout en ayant un salaire moyen.

Les températures ne sont pas trop extrêmes en été ?

Je n’ai pas passé l’été là-bas, mais je sais que les températures sont très élevées. Elles ne descendent pas en dessous de 20°C la nuit, en moyenne il fait 25°C le matin et 35°C l’après-midi. Il faut ajouter le taux d’humidité très élevé. Encore une fois, l’Australie est un grand pays et cela dépend d’où on est dans le pays. Le climat dans le Queensland du Nord est tropical, ce qui explique ces températures.

Un dernier mot, un dernier conseil ?

Partir en Australie a été une des meilleures décisions que j’ai prises. Je me suis épanouie autant professionnellement que personnellement. Cette destination a vraiment à offrir et je compte y retourner. C’était un rêve d’aller en Australie et ce que j’ai vécu était encore mieux que tout ce que j’aurais pu imaginer.

Merci à Tiffani pour cet article ! J’espère que ça vous a donné des envies de voyage 🙂 N’hésitez pas à lui laisser vos questions en commentaire.