9934 kilomètres, 990 gares, 7 fuseaux horaires : le chemin de fer reliant Moscou à Pékin représente l’expérience ultime pour beaucoup de voyageurs. Que vous soyez un nomade aguerri ou un néophyte, les paysages bouleversants traversés par le Transsibérien vous transporteront au cœur de ce pays jadis dépeint par Dostoïevski et Tolstoï. Passant par les froides contrées sibériennes et le majestueux Lac Baïkal, ce périple vous marquera à tout jamais.
Le Transsibérien
Avant le départ
Difficile d’accès la Russie n’a pas la réputation d’être un pays très hospitalier pour les voyageurs. Quelques raisons expliquent cette perception dont la difficulté d’entrer dans le pays, la barrière de la langue et la personnalité des russes. Pour ce qui est des visas, ce n’est pas tout le monde qui peut entrer en sol russe, loin de là. En effet, les Européens et les Canadiens doivent faire une demande de visa, laquelle nécessite entre autres une «invitation» provenant d’une agence ou un hôtel en Russie. Une fois reçu, l’entrée au pays ne pose pas de problème, il suffit d’être patient avec toute la paperasse demandée.
Pour ce qui est de la langue, l’alphabet cyrillique est assez difficile pour nous francophones. On suggère fortement aux gens intéressés par le Transsibérien d’apprendre quelques mots qui vous seront très utiles lorsque l’anglais ne pourra vous sauver. Voici quelques exemples :
- Oui/Da
- Non/Net
- Merci/Spasibo
- S’il vous plaît/Pazhaluysta
- Pardon, excusez-moi/Izvinite
- Bonjour/Zdravstvuyte
En apprenant une base de la langue russe, vous pourrez vous sortir de mauvaises situations mais aussi communiquer avec les locaux. Les Russes seront agréablement surpris de voir vos efforts et seront plus enclins à s’ouvrir à vous. En effet, s’ils peuvent paraître froids et brusques au premier regard, les Russes sont très chaleureux et ont un sens de l’humour très particulier. Offrez leur un peu de vodka (cliché mais vrai) et ils vous traiteront comme la famille!
Plusieurs itinéraires vous sont offerts mais cet article portera principalement sur celui qui relie Moscou (ou St-Pétersbourg) à la pointe orientale de Russie, la ville de Vladivostok.
Sur cette carte, les différentes options qui s’offrent aux voyageurs qui souhaiteraient bifurquer vers la Mongolie et la Chine.
Moscou, la ville de tous les excès
Prise entre les vestiges du communisme et un nouveau capitalisme des plus agressifs, Moscou peut être déstabilisante pour les voyageurs. Immenses avenues à douze voies et immeubles staliniens partagent maintenant le paysage moscovite avec les boutiques de luxe typiquement occidentales. Si les babouchkas sont nostalgiques des belles années de l’ère soviétique, la nouvelle génération branchée partout à l’internet est décidée à reprendre le temps perdu.
La capitale de Russie offre aussi le plus beau métro du monde. Certains croient que cette réputation est surfaite mais la majorité des observateurs s’entendent pour dire que le métro est un chef d’œuvre. Meilleur moyen de se déplacer dans la ville, le transport souterrain compte pas moins de 180 stations sur 12 lignes. Ces stations, construites en granit et en marbre sont joliment décorées de mosaïques, sculptures et de vitraux.
C’est parti !
Plusieurs avis diffèrent sur la question de l’achat des billets pour le Transsibérien. Même si ça peut être plus risqué et compliqué, acheter les billets directement aux gares est sans aucun doute le plus économique. Par contre, beaucoup de personnes préfèrent tout régler avant le départ avec des agences franco-russes. Cela a pour avantage d’assurer la tranquillité aux voyageurs mais leur enlève par le fait même une certaine liberté. Les prix sont divisés entre la 1eme, 2eme et 3eme classe. La première offre une couchette molle dans un compartiment à deux lits tandis que la deuxième est dans un compartiment de 4 lits. Pour ce qui est de la troisième(appelée kupé), celle que les russes utilisent en majorité pour leur déplacement dans le pays, elle est constituée de dortoirs ouverts avec 54 lits par wagon, arrangés par blocs de 4 lits plus 2 lits sur le long du couloir.
http://www.seat61.com/Trans-Siberian.htm (véritable bible pour les voyages en train) http://www.transsib.com/fr/billet-train-transsiberien.html
La vie à bord du train
Le Transsibérien, en plus d’être le fantasme de beaucoup de voyageurs, est le train du peuple en Russie. Ainsi, vous aurez la chance, le privilège même, de partager la route avec des étudiants qui retournent dans leur famille, des militaires et même des moines. Tout ce beau monde se rassemble dans le wagon-restaurant et n’hésite pas à trinquer avec un peu de vodka(exception faite des moines peut-être). Quand vous ne serez pas en train de chanter des chansons russes avec vos nouveaux amis, vous serez dans votre compartiment à vous émerveiller devant le tableau sibérien qui s’offre à vous. Un voyage dans le Transsibérien est aussi la meilleure occasion de redécouvrir les classiques de la littérature russe et d’oublier toute notion du temps.
Chaque wagon est équipé d’un samovar, distributeur d’eau chaude très pratique tout au long du périple. La provodnista, femme en charge de la section du train, sera présente pendant l’entièreté du voyage pour vous aider et organiser le wagon. Si le stéréotype de la provodnista est une femme froide et effrayante, vous serez surpris de voir que plusieurs sont jeunes et très amicales.
Joyau de la Sibérie, le Lac Baïkal
Un des moments forts est l’arrivée au Lac Baïkal après quelques jours de route. Situé au sud-est de la Sibérie, ce lac est le plus ancien au monde(25 millions d’années) et le plus profond (1700m). Connu pour ses fonds abyssaux et la pureté de ses eaux, l’œil bleu de la Sibérie a une valeur exceptionnelle pour les scientifiques. Effectivement, son ancienneté et son isolement ont produit une faune d’eau douce des plus riches et originales de la planète.
Pittoresque, le paysage offert aux passagers du Transsibérien change de visage selon la saison. Entouré de 2000 km de côtes, le Lac Baïkal semble tout droit sorti de l’imaginaire. Ce n’est pas pour rien que les communautés autochtones l’appelle la «Mer sacrée» et y voue un grand culte. Tout comme le Milford Sound en Nouvelle-Zélande ou le Grand Canyon aux États-Unis, le Lac Baïkal est aussi mystérieux que grandiose.
Si vous voulez être heureux, soyez-le! – Léon Toistoi
Voyage au cœur du communisme
Un voyage avec le Transsibérien ce n’est pas seulement l’Oural, la Taïga et la Sibérie… c’est aussi une occasion de faire une incursion dans le passé communisme du pays des tsars. Autrefois fermées aux visiteurs pour des raisons militaires et politiques, les villes sibériennes valent le détour. Ne vous gênez pas pour descendre du train, faire escale vous permettra d’allonger votre voyage tout en plongeant dans l’histoire de la Russie.
Par exemple, la ville de Irkoutsk située à 66km du Lac Baïkal est surnommée «le Paris de la Sibérie» en raison de son patrimoine architectural. Cette agglomération de 600 000 habitants semble être figée dans le temps. Point stratégique pour le commerce des fourrures avec les Bouriates, Irkoutsk a aussi été le théâtre de millions de déportations dans les bagnes sibériens. En effet, le pouvoir tsariste envoya des artistes, officiers, aristocrates ; tous perçus comme des ennemis de l’État dans les gisements de fer de la région. En revanche, ces déportations eurent pour effet de créer un foyer culturel majeur pour les exilés de Moscou et de Saint-Petersbourg. Même si la ville n’a rien d’exotique, elle permet aux visiteurs de s’imaginer la Russie du début 20e siècle, cette Russie autrefois si éloignée des griffes du capitalisme.
Le culte de la personnalité de l’ère Soviétique est impressionnant. Une vingtaine d’années après la chute de l’URSS, les monuments représentant Lenine sont encore omniprésents dans les villes à travers le pays. Encore une preuve que les Russes s’accrochent à leur passé, aussi tumultueux fut-il.
La fin d’une époque
Construit à partir de 1891, le grand projet qu’était un chemin de fer reliant les deux extrémités de ce pays immense était ambitieux. Grâce à des millions d’ouvriers, le plus souvent des prisonniers, le projet du tsar vu le jour au tournant du 20e siècle. Lorsque vous arriverez à votre destination finale, que ce soit Vladivostok ou Pékin, vous serez immédiatement nostalgique de cette fabuleuse épopée.
Vivre n’importe comment, mais vivre! – Fiodor Dostoievski
– Lonely Planet sur le Transsibérien
– Le Transsibérien de Dominique Fernandez
– Seule sur le transsibérien, Mille et une vies de Moscou à Vladivostok de Géraldine Dunbar
En attendant consultez nos autres destinations sur notre blog de voyage 🙂