Chaque voyage a sa saveur, mais celle que j’ai ressentie dans l’avion direction Delhi était particulière. Particulière car je partais découvrir les secrets du Rajasthan, région dotée d’un très riche passé historique et culturel. Elle est renommée pour la richesse et la variété de ses couleurs, pour ses nombreuses différences ethniques (6 castes), religieuses (5 religions) et linguistiques (140 dialectes). Mais cette région de l’Inde est aussi connue pour être l’une des plus pauvres du pays. Et c’est ce que je vais vite ressentir lors de mon arrivée au «Pays des Rois»…
Nous sommes le samedi 8 juillet. Arrivé tard la veille, je découvre enfin Delhi sous la lumière du jour. Je ne m’attendais pas à ça. Il me suffit de quelques minutes de bus et de marche pour me rendre compte de la pauvreté. La misère est partout. Dans les bâtiments, dans les rues et le long des routes sur les trottoirs où dorment de nombreux indiens. De plus, un nuage gris de pollution s’abat sur la ville. Pour finir, rajoutez à cela une température ressentie de 45°C accompagnée d’une humidité atroce (c’est le problème quand on choisit de partir durant la période des moussons !). Une atmosphère austère et oppressante domine New Delhi. Mais cela ne m’empêche pas, en bon voyageur, d’aller à la visite de la ville. L’importante Mosquée Jama Masjid, le superbe minaret Qutb Minar et son site, la Porte de l’Inde ou encore le majestueux Tombeau de Humayoun, tout y est pour me donner un avant-gout des 3 semaines qui vont suivre. Reste une ballade en cyclo-pousse dans l’un des marchés les plus anciens de l’Old Delhi puis l’escale est déjà terminée et ce n’est pas plus mal comme ça. Ce fut une dure première découverte de l’Inde mais qui promet de belles choses à voir.L’ambiance est différente. Mes compagnons et moi avons quitté la grande métropole et ça se sent. Toujours la même chaleur, toujours la même misère mais quelque chose a changé. La petite ville de Churu (120.000 habitants tout de même !) est plus accueillante. Nous sommes ici pour découvrir les Havelî, ces demeures construites par des princes râjputs ou des commerçants mewâri. Il suffit de se promener en ville et de regarder autour de soi. Ces petits palais sont décorés de fresques. Aujourd’hui, la majorité des Havelî est malheureusement abandonnée ; il coûte trop cher aux habitants de les rénover. C’est si dommage…Nous sommes déjà repartis. Apres une escale à Bikaner, nous arrivons à Jaisalmer appelée la «Porte du désert». Le désert s’étend sur deux pays : l’Inde et le Pakistan. A quelques minutes de la ville en bus se trouve un cimetière hindou. Rien à voir avec les cimetières de chez nous, il y a seulement des bâtisses plus ou moins grandes construites en pierres jaunes. Aucun corps n’y repose car les hindous croient en la réincarnation donc ils incinèrent les défunts. Il est magnifique. Le cimetière se fond avec le désert. Plus loin dans cette immensité, nous visitons la «Amar Sagar Jain Temple». SU-BLI-ME ! Les motifs creusés dans cette pierre rendent le site merveilleux. Même à l’intérieur, les murs, les fenêtres et les colonnes sont creusés au moindre détail près. J’aime de plus en plus ce pays. Une nuit à la belle étoile dans le désert était prévue mais a été annulée pour risque de tempête de sable (toujours pas la bonne période !).Le fort de Jaisalmer domine la ville. C’est le seul fort indien encore habité. A l’intérieur, de très jolies Havelî bordent les ruelles. Elles sont elles aussi sculptées dans le grès jaune. Malheureusement, Il est déjà l’heure de partir, j’aime cette ville, son fort, ses environs et surtout l’architecture !Sur la route direction Jodhpur, nous nous arrêtons quelque temps, au milieu de nulle part, voir les enfants d’une école primaire. L’école est gratuite mais pas obligatoire. Les enfants peuvent y aller à partir de 5 ans. Ils portent tous un uniforme bleu dû à la colonisation anglaise. Les enfants sont en plein cours, mais notre présence va vite les faire décrocher (désolé Mme la professeur) ! Les enfants nous regardent avec attention. Ils ouvrent de grands yeux, étonnés. Ils n’ont pas l’habitude de voir des personnes typées européen. Certains paraissent tristes, d’autres sont plus joyeux. Certains sont timides, d’autres font les clowns. Ils sont adorables. Une courte absence de la prof m’a value un drôle de moment et un super cliché. Dès l’institutrice partie, trois élèves (sûrement les trois caïds de la classe) se sont rués vers la porte, prêts à faire une bêtise ! Un simple regard par-dessus l’épaule de la prof et les rigolos sont repartis à leur place. «Il en faut peu pour être heureux», à chaque fois que je me remémore ce super moment je me répète cette phrase. Ces enfants qui n’ont rien (outre la chance d’aller à l’école) nous transmettent leur joie de vivre juste par un regard ou un sourire. Ce fut un super moment, riche en émotions. J’en repars heureux avec pleins de souvenirs en tête.
Nous sommes arrivés à Jodhpur. Cette ville est surnommée la «ville bleue» en raison des façades peintes des maisons de la vieille ville. Encore une fois, le Fort de Mehrangarh domine la cité et offre une vue sur les façades peintes superbes. Après l’avoir visité, nous nous rendons au Sardar Bazar situé autour de la Tour de l’Horloge. Très vite nous nous éloignons de l’agitation du marché pour aller dans les rues de la vieille ville à la traque aux maisons bleues (car oui, je suis désolé, toutes les maisons de la vieille ville ne sont pas bleues !). Nous sommes rapidement perdus. Marcher loin de l’agitation et des lieux touristiques, découvrir la vie des locaux, est, je crois, ce que je préfère faire en voyage. Regarder les vieux messieurs jouer aux cartes entre amis, marcher jusqu’à tomber face à un énorme puit à degrés appelé «Bâoli» en Hindi ou encore face à une salle de musculation et de combats où un papi travaille ses bras. Jodhpur est une ville très agréable. Plus nous allons dans la campagne, plus les habitants sont souriants et accueillants. De moins en moins de regards «dérangeants» sont portés sur nous.Pour se déplacer d’une ville à une autre, de nombreuses heures de bus sont obligatoires. Les trajets peuvent aller de 3 heures jusqu’à 7 heures de route. J’aime ces moments. Au fur et à mesure des kilomètres, je vois les paysages changer. La faune, le relief, l’architecture, les villes mais aussi leurs habitants. C’est comme si je voyais l’Inde défiler sous mes yeux.
Et justement ! Direction Udaipur, nous changeons radicalement de décor. Nous passons d’un environnement assez désertique, sans trop de relief, à celui de plus en plus tropical avec de plus en plus de collines. Ce sont les Aravalli, chaîne de montagnes qui traversent l’Etat du Rajasthan. Décidément, le Rajasthan nous en fait voir de toutes les couleurs !Sur le chemin nous nous arrêtons avant de commencer à grimper les montagnes à Ranakpur. C’est perdu dans la forêt que se trouve le temple Jaïn le plus important, celui d’Adinatha. Il est formé de 29 salles et il est censé compter un total de 1444 piliers. C’est l’une des plus belles et plus vastes constructions Jaïns de l’Inde. Il est construit en marbre blanc dont chaque centimètre est gravé et sculpté.
Que dire d’Udaipur? La «Venise Indienne» porte bien son surnom. Cette ville est charmante. La vue de notre hôtel sur le lac Pichola est splendide. Une fois là-bas, je comprends pourquoi John Glen a choisi cette ville pour y réaliser Octopussy, 13ème opus de la saga James Bond. Depuis l’île de Jag Mandir, j’admire le somptueux City Palace et le fameux et réputé Lake Palace Hotel (je comprends aussi vite pourquoi Roger Moore a décidé d’y passer ses nuits !). Sur le lac, la tranquillité règne. C’est un des rares moments de calme, sans klaxon de tous les côtés. Le soir nous avons droit à un spectacle de danse rajasthine. Très bon moment pour se divertir avec la musique locale.Après avoir quitté Udaipur, nous arrivons à Bundi en fin d’après-midi. Cette ville est connue pour avoir été la ville où Rudyard Kipling a écrit son roman Le Livre de la jungle. Nous profitons de la fraîcheur de fin de journée pour aller, comme à Jodhpur, explorer la vieille ville et son marché. J’adore Bundi. Se balader dans ses rues est un plaisir. Nous croisons les enfants du village, étonnés de nous voir, nous découvrons l’ambiance du marché. Les passants se mêlent aux motards qui se mêlent aux étals qui se mêlent aux vaches… et BOUM ! Nous venons d’assister au premier accident depuis notre arrivée (fallait bien que ça arrive un jour avec ce code de la route inexistant !). Un jeune en scooter a renversé un vieux monsieur en vélo ! Les tons montent, la tension également mais les habitants calment vite le jeu. Plus de peur que de mal pour le papi ! Nous rentrons vite à l’hôtel admirer les belles lumières du coucher de soleil. Du rooftop, nous voyons les singes se promener sur les toits des maisons avec derrière la belle lumière rose. C’est superbe ! De l’autre côté, nous admirons l’impressionnant Fort de Taragarh construit sur la colline. Nous y monterons demain.Le Fort est immense et incrusté dans la roche. Il est délabré, sa végétation l’envahit. Ça lui donne un charme que les autres n’ont pas. Il est impressionnant. Pour y accéder totalement, il va falloir grimper. Un peu de courage car il promet de grandes choses ! Ici la nature domine. Les seuls habitants sont des chauves-souris et quelques écureuils qui viennent prendre la pose devant mon appareil. Nous parcourons le fort jusqu’à arriver sur une petite terrasse… C’est à ce moment précis que l’expression «Incredible India!» prend tout son sens. C’est magnifique. Le fort surplombe la ville de Bundi. La vue est dingue ! C’est un moment magique, sûrement un des meilleurs de mon voyage. Je suis vraiment heureux d’être là, découvrant l’Inde dans tous ses états. MERCI! Merci de m’offrir cette chance d’être ici, debout, devant ce décor splendide d’une ville perdue au milieu de ce magnifique «Pays des rois». Bundi est une superbe découverte, la ville est géniale et son fort majestueux. Malheureusement je dois la quitter et me diriger vers Jaipur, la capitale du Rajasthan.Entre les deux, nous sommes passés par Pushkar, je ne vous parle pas de cette ville et de son lac sacré car nous en avons surtout profité pour se reposer le temps d’une après-midi et d’une nuit.
Au revoir la campagne, rebonjour les métropoles ! Nous sommes à Jaipur. Avec ses 2,323 millions d’habitants c’est la dixième plus grande ville d’Inde. Jaipur est connue pour son Palais des vents. Construit au XIIIème siècle, il est considéré comme l’une des merveilles de l’architecture rajput. L’histoire raconte que les 953 fenêtres qui ornent sa façade ont été construites de sorte que les femmes du harem royal voient le monde extérieur sans être vues en retour. Jaipur est aussi connue grâce au Fort d’Amber. Cette forteresse construite à flanc de colline est énorme. La vue sur la vallée est superbe. Notre petit passage à Jaipur est terminé, nous nous dirigeons maintenant vers notre dernière destination : «The city of Taj».
Il est 5h30 du matin, nous quittons notre hôtel. Arrivés la veille à Agra, nous sommes là pour visiter une des sept nouvelles merveilles du monde. C’est souvent quand un monument est connu de tous qu’il nous déçoit le plus. Le Taj Mahal non. Arrivés les premiers devant cette merveille pour le lever du soleil, nous avons découvert ce sublime mausolée sans aucune autre présence. C’est un moment magique. Ce palais de marbre blanc est magnifique. Finir ce superbe voyage avec ce joyau, c’est le clou du spectacle, la cerise sur le gâteau, le poulet Makkhani sur le nan !Je suis ému, ému de me dire que ce périple que je vis depuis 3 semaines est fini. Ému de me dire que je vais quitter ce merveilleux pays. Je repense à chaque ville explorée, à chaque merveille découverte, à chaque rencontre parfois très brève, à ce jeune chamelier dans le désert du Thar, au sourire de ces enfants et à celui de cette vieille dame à Jaisalmer. .Je repars avec des souvenirs plein la tête. Avec une envie de découvrir le monde encore plus forte. Une chose est sûre : je reviendrai.
A la prochaine pour de nouvelles aventures,
Paul