Aujourd’hui, je vous emmène à la découverte d’une aventure que chaque voyageur rêve de réaliser une fois dans sa vie. Cette aventure, c’est Romain qui a eu l’occasion de la vivre. Il nous raconte son trajet épique entre Paris et Pékin via le Transsibérien.
Le Transsibérien, un périple inoubliable
Je vais vous raconter mon périple, un périple qui fait rêver beaucoup de voyageurs. J’ai eu la chance de le faire à plusieurs reprises, mais je vais vous raconter la dernière fois, que je l’ai réalisé, l’hiver dernier.
C’est parti, on embarque avec le mythique Transsibérien, de Moscou à Pékin à travers la Sibérie. Alors, certes je ne vous emmène pas à Hawaï ou aux Seychelles mais avec une bonne polaire et une chapka on s’y fait et on apprécie ! 🙂
Paris, début janvier
C’est bon, j’ai enfin réussi à obtenir mes visas pour la Russie et pour la Chine ! Je suis paré au départ. Je prépare mes dernières affaires puis ferme une bonne fois pour toute mon «back-pack» et vérifie que mon appareil photo soit bien opérationnel, sans oublier bien sur de mettre dans mon autre petit sac mes chargeurs, bouquins, guide de voyage et j’en passe.
Mon objectif final est de rejoindre Pékin/Beijing par le Transsibérien depuis Moscou
Mon objectif final est de rejoindre Pékin/Beijing par le Transsibérien depuis Moscou. Comme je me suis dit que ce n’était pas assez, j’ai décidé de rejoindre Moscou par les terres (bus, train ou tout véhicule un minimum motorisé qui part en direction de Moscou).
Première étape : direction Moscou
Comme la route est longue (mais belle) pour aller jusqu’à Moscou, je dois me prévoir quelques escales. Avant de partir, je contacte alors un ami polonais qui habite une bourgade près de Cracovie. Il est ok pour m’accueillir une nuit : c’est top.
Cette fois-ci, en route pour Cracovie, je me rends à la gare routière à Paris et prends un bus direction Prague. Le trajet est long mais j’arrive néanmoins à dormir assis dans des positions plus ou moins confortables (les joies du road trip commencent ici). Mais j’ai un peu de chance : comme je pars après les fêtes de fin d’année et en plein hiver, il y a beaucoup moins de touristes à cette époque. J’ai donc le luxe d’avoir 2 places pour moi dans le bus.
Les joies du road trip commencent ici
A Prague, je ne fais qu’une courte escale. J’aurai de toute façon plein d’autres occasions pour revenir visiter cette merveilleuse ville. J’en profite pour visiter rapidement le centre-ville, manger un morceau puis je reprends un bus direction Cracovie. Là je suis assis à coté d’un Polonais assez « massif » qui n’a pas l’air de faire un joyeux road trip. J’aurais préféré une jolie polonaise mais bon… c’était quitte ou double !
Je me demande si je lui fais la conversation ? Finalement pas possible, vu que j’entends déjà des ronflements…
Cracovie, Pologne
Arrivé à Cracovie, mon pote polonais m’accueille. Je pose mes affaires chez lui puis on va visiter une ancienne mine de sel. C’est assez incroyable : 2 siècles en arrière à -135 mètres sous terre !
Puis nous sommes allés vers le centre ville, où l’architecture médiévale est omniprésente. On se balade dans les rues piétonnes et on en profite pour aller visiter le musée de l’histoire de la ville. J’apprends pas mal de trucs. Le soir, on se rend dans un petit bar fréquenté par des polonais. Et une petite vodka à la clé. Il faut bien reprendre des forces pour ce long voyage.
Vilnius, Lituanie
Le lendemain, je reprends un bus direction Vilnius en Lituanie. Je n’y resterai qu’une seule journée mais quel régale : ville médiévale avec beaucoup de charme, qui n’a rien à envier à ses voisines Tallin et Riga.
Le soir, un bus de nuit m’attend pour Moscou, où je passerai la frontière la nuit. L’accueil n’est évidemment pas le Moulin Rouge mais je m’attendais à pire : un contrôle «froid» à la russe des bagages + visa… mais finalement plus rapide en bus qu’en train. Après un strict contrôle du bus, nous avons pris la direction de Moscou.
Moscou
Après quelques escales en Europe, me voilà enfin à Moscou. Evidemment, le thermomètre en prends un coup encore : un petit -20 degrés, mais rien comparé à ce qui m’attend en Sibérie, brrrr !
J’ai pu découvrir de jolis coins dans cette bouillonnante et intrigante capitale russe
Beaucoup trouvent que Moscou ne vaut pas forcément le coup d’œil (comparé à St Petersbourg). C’est ce que j’avais trouvé la première fois que j’y étais allé. Mais cette fois-ci accompagné d’amis russes, j’ai pu découvrir de jolis coins dans cette bouillonnante et intrigante capitale russe. Il y a bien sur le fameux Kremlin (et son musée), la place rouge, la basilique et ses illuminations de Noël, le musée Pushkin, le théâtre Bolshoï, le monastère de Novodievitchi, certaines stations de métros magnifiques au style Empire, et j’en passe !
Et en sortant des sentiers battus, on y découvre de nombreux parcs, et beaucoup d’endroits pour sortir le soir/nuit : cafés, boite de nuits, etc. Là, je me suis dit que les Russes savent vraiment faire la fête. C’est vrai que c’est plus facile avec des locaux.
Je reste 2 jours à Moscou et je ne m’en lasse pas. Hâte d’y revenir ! Mais le devoir m’appelle : prochaine étape Kazan, une ville tatar située à environ 900 kms à l’est de Moscou, donc une nuit de train, ce qui n’est rien pour un Russe. Mais avant cela un examen difficile à passer : aller acheter un billet de train au comptoir de la gare ! Et oui, même en maîtrisant un tout petit peu le russe, ce n’est pas évident, car malgré la gentillesse de beaucoup de Russes, certains n’ont pas vraiment envie de perdre de temps, et je l’avais vite compris lors de mes précédents voyages en Russie. Surtout que j’entends souvent «No English, niet !».
Alors j’ai depuis appris un peu le russe et après 20 min de tergiversations avec la guichetière et quelques agacements dans la file d’attente que j’avais créés, j’ai pu me procurer le fameux sésame : le billet Moscou – Kazan en plashkart, la 3eme classe des trains russes : donc en dortoir ouvert dans le wagon sans cabine fermée.
Le soir je récupère mon baluchon à l’hôtel et je me rends à la gare, au quai «Départ pour les grandes lignes». Enfin, le Transsibérien se présente : beau et majestueux. J’y passerai un bon bout de temps et ce n’est pas pour me déplaire (j’adore les trains anciens, j’ai l’impression de revenir un demi-siècle en arrière, me voilà presque en URSS).
Et c’est le départ, direction Kazan. Dans le train, je n’ai pas trop le temps de sympathiser sur ce tronçon car j’étais fatigué. J’ai tout de même pu échanger quelques mots avec mes compagnons de wagon et même déguster du saumon séché au sel qu’ils m’avaient gentiment offert (les Russes en raffolent, accompagné d’une bière).
Kazan, la ville tatare
Kazan, Tatarstan, j’y suis resté deux jours et une nuit, et quelle surprise : le froid est bien là (-30°C), mais quelle belle ville ! J’ai pu visiter le Kremlin de Kazan et la magnifique mosquée attenante. Kazan étant la capitale de la région du Tatarstan, la ville est peuplée à 50% de tatars musulmans et 50% de russes : une belle diversité. J’ai pu aussi arpenter les rues de la ville avec un étudiant coréen (perdu lui aussi en plein hiver russe) rencontré à l’auberge. J’ai découvert les spécialités locales dans un restaurant tatar, notamment narguilé et taka (sorte de tourte aux légumes avec bœuf).
Le soir, je dis au revoir à ce compagnon de route coréen, et re belotte : le Transsibérien direction l’est : Omsk près du Kazakhstan pour un trajet de nuit. J’ai passé l’Oural et me voici en Asie (géographiquement).
Omsk, Sibérie
Omsk, pas forcément la plus belle ville de Russie, ville sibérienne industrielle mais toutefois intéressante. J’y avais séjourné auparavant et j’ai gardé contact avec quelques amis là-bas. Alors forcément, une petite escale s’impose.
Arrivé à Omsk, je me repose à l’auberge de jeunesse, puis je rejoins des amis au «Festival de sculpture sur glace» : c’est très beau, comme j’y vais le soir, les sculptures sont illuminées de toutes les couleurs. Bon, c’est bien beau tout ça mais par -35°C, un petit remontant ne serait pas de refus. Et pour les Russes, c’est quoi ? Mes amis me proposent alors un «banya» : le principe est d’aller prendre l’apéro dans un sauna. Le pied ! On en ressort joyeusement vers minuit puis direction un pub du centre avec Karaoké où l’ambiance bat son plein. Une belle soirée !
Le lendemain matin, petite gueule de bois mais quoi de mieux pour s’en remettre : balade en forêt par –30°C. Certains amis rencontrés la veille proposent d’aller pêcher sur la glace avec le père de l’un d’eux : Serguei, un vrai sibérien. Après une longue marche dans la forêt nous sommes arrivés au lac où nous avons pris pas mal de temps pour pêcher avec les explications théoriques et pratiques pour faire un trou dans la glace (sans qu’elle ne se brise autour !). Finalement ce fut une superbe expérience.
Je suis resté deux jours et demi à Omsk, j’espère y retourner dès que possible. Je dois poursuivre ma route direction la ville d’Irtkoutsk en prochaine étape, et le non moins célèbre lac Baïkal.
Cette fois-ci le trajet en train fut épique : en rentrant dans le train, dans mon compartiment j’ai fait la connaissance d’un russe très éméché (surement dû à de fortes doses de vodka) : je pensais qu’il allait m’importuner… et finalement non : il m’invite au wagon bar avec ses collègues russes, très charmantes au passage, qui travaillent dans le train. Ce n’était autre que le chauffeur du train qui œuvre sur le trajet Irkoutsk – Novossibirsk. Et sur le trajet retour, il se repose. Ce fut un trajet bien arrosé !
Il m’a même promis à ma prochaine visite dans la région de faire une partie du trajet dans la locomotive ! J’ai hâte !
Irkoutsk
Arrivé en fin de matinée à Irkoutsk, une belle ville à influence européenne et ses maisons traditionnelles sibériennes en bois : les «isbas». Comme en témoigne cette photo. J’ai pu faire un petit tour au marché, me promener dans le centre, prendre quelques clichés de la ville et visiter un musée.
Ulan-Ude
Le lendemain j’ai eu la chance de prendre le Transsibérien le matin et je peux vous dire que les paysages sont sensationnels le long du lac Baïkal.
Le train est arrivé en Bouriatie le soir. Au passage, les bouriates s’apparentent au « cousins » des mongoles, la région se situe d’ailleurs au nord de la Mongolie. On se sentirait presque en Asie ici. Une belle mixité existe avec les russes.
j’ai adoré l’atmosphère russo-asiatique de cette ville
Arrivé à Ulan Ude en fin d’après midi, j’ai pu sympathiser avec un bouriate gérant d’une petite auberge dans le centre, qui a pu me donner pas mal d’infos sur la ville. J’ai pu déguster la succulente cuisine bouriate (beaucoup de plats à base de légumes et viandes de bœufs ou moutons, similaire à la cuisine mongole) puis j’ai pu visiter le temple Bagsha en hauteur de la ville et surtout le temple Bouddhiste d’Ivolguinsk (Datsan d’Ivolguinsky) qui lui se trouve à 2h de Mashroutka (mini bus très folklores, où l’on a intérêt de bien s’accrocher avec les routes glissantes en hiver).
Je suis tout de même resté presque 3 jours à Ulan-Ude car j’ai adoré l’atmosphère russo-asiatique de cette ville et l’accueil chaleureux des locaux ! Un +1 pour une soirée dans un bar dansant avec des bouriates ! Ce fut génial !
Après cette belle halte, j’ai fait un détour plus au nord sur la rive est du Baïkal à Goriatchinsk, petit village perdu dans les forêts de sapins à quelques heures de Mashroutka depuis Ulan-Ude. Ici on fait un bond de 50 ans en arrière : le temps semble s’être arrêté : des ruelles vides, beaucoup de chiens errants, des voitures sibériennes recouvertes de neiges, des petites maisons en bois… J’ai pourtant adoré ce décor ! J’en ai profité pour faire pas mal de photos, et aller explorer les rives du Baïkal, et même marcher sur le lac. Je n’aurais peut-être pas dû à certains endroits, car j’ai failli y rester : après avoir observé des pêcheurs sur glace, je me suis dirigé plus à l’ouest, et au retour, j’ai senti que la glace se craquelait autour de moi. J’ai gardé mon calme et j’ai marché doucement afin de ne pas briser la glace… alors que je me trouvais à 50 m du rivage. Au final plus de peur que de mal, mais j’ai eu une bonne frousse. J’ai compris que la température n’était pas assez basse (seulement –20°C) et comme l’eau ne stagne pas…
Je n’ai pas vu non plus de phoque ou renard des neiges, mais tant pis je me suis fait plaisir en ski de fond dans la forêt au nord du village le temps d’une après midi. Au milieu de nul part. D’ailleurs, heureusement que les grizzlis hibernent !
Finalement, ce fut un village magnifique avec des petites frayeurs en s’y promenant la nuit (un petit air de Silent Hill) mais je crois que ce lieu me manquera !
Le dernier soir je me rends à la gare routière pour prendre le bus de nuit. On m’avait bien expliqué que la frontière sino-russe était plus rapide en bus ! Alors je réserve un aller Ulan-Ude – Manzhouli (ville chinoise frontalière) dans un hôtel du centre ville.
Le trajet pour rejoindre la frontière chinoise en bus (nuit et journée) est plutôt sympa : je m’attendais à plus «rustique». Finalement j’ai même le droit à une couchette !
La vue est saisissante : un mélange de paysage lunaire et quelques sites industriels datant d’une autre époque.
Arrivée à Zabailkask, poste-frontière russe et traversée de la frontière
Finalement nous arrivons comme convenu en fin d’après-midi à Zabailkask : la ville frontalière côté russe. En y repensant, Goriatchinsk c’est presque le Club Med. Zabailkask tombe en lambeau, quelques immeubles soviétiques, quelques isbas et locaux pas commodes qui y résident. Bref, j’y resterai 1h ou 2, le temps de reprendre quelques forces avant de passer la frontière. Le chauffeur nous appelle et il est temps d’y aller. Je vous résume quand même ce grand moment 🙂 Coté douanes russes : 2h d’attente car il y avait une faute de frappe sur le visa (sur mon 2ème prénom) et côté douanes chinoises un peu moins mais je ne sais pas pour quelle raison, un douanier chinois est remonté juste pour moi dans le bus avant le départ afin de re-re-re-vérifier mon passeport… ou me dire un dernier au revoir !
Arrivée à Manzhouli
Je suis arrivé le soir assez tard à Manzhouli, par -40°C en guise d’accueil. Je réserve rapidement une chambre d’hôtel et je m’écroule dans le lit en repensant à tout mon parcours en Russie…
Pas de doute : un voyage certes éprouvant avec ses étapes ou moments à surmonter, mais un voyage magnifique et magique à la fois. A peine terminé qu’on a déjà envie de le reprendre !
Za vach Zdorovie 🙂 / здоровье !
Mon prochain article sera donc sur la Chine (Pour celles/ceux que cela intéressent) : Harbin et son festival de glace, Beijing, Fujian, Xi’an, Hubei entres autres 🙂
- Les compagnies de bus : de Paris à Cracovie : Eurolines, pas mal de dessertes
- De Cracovie à Vilnius : Ecoline : beaucoup de dessertes sur l’Europe de l’est, notamment les pays Baltes.
- Le Transsibérien : afin d’éviter les commissions des agences de voyage, vous pouvez (avec un peu de patience) acheter directement vos billets au comptoir des gares, c’est une expérience formatrice. Les guichetiers sont tout de même efficaces.
- Le visa russe : encore une fois, le mieux est d’aller directement au Consulat russe. Néanmoins, une lettre d’invitation d’une agence de voyage ou d’un organisme russe accrédités par le gouvernement est nécessaire. Je peux recommander l’agence Russian Concept (Adresse à Paris) qui avait été assez rapide.
- Le visa chinois : moins contraignant à faire, mais il faut quand même s’y prendre à l’avance tout comme le visa russe. Une lettre d’invitation signée par un proche ou une connaissance résidant en Chine peut suffire ou la réservation d’un hôtel en Chine.
Pour les deux visas, Il faut compter une petite somme : entre 60 et 130 euros, mais tout dépend du nombre d’entrées et de la durée de séjour.
- Les itinéraires : A noter qu’une fois arrivé en Sibérie vous pouvez avoir le choix entre 4 tronçons : la ligne « classique » du Transsibérien jusqu’à Vladivostok (pour ceux qui ne sont pas assez rassasié des steppes russes), la ligne Baïkal-Amour, la ligne du Trans-mandchourien (Pour ceux qui veulent se rendre plus rapidement en Chine et qui apprécient les jolies prairies), la ligne du Trans-mongolien (Pour ceux qui veulent arpenter le désert de Gobi & la Mongolie).
Bien se renseigner au préalable est important : tout dépend de vos préférences. C’est les gouts et les couleurs 🙂
- Le guide de voyage : je peux recommander le Lonely Planet spécial «Transsibérien» (que j’ai d ‘ailleurs beaucoup utilisé, car très bien détaillé et fourni)
POURQUOI Y ALLER ?
Vous vous demandez toujours pourquoi tenter l’aventure en terre russe. La Russie en quelques mots c’est:
- L’hospitalité sibérienne (avec la vodka svp)
- L’«Esprit» russe
- Les paysages fantastiques et hors du temps
- Les nombreux monuments historiques notamment les églises orthodoxes
- Le mythique Transsibérien
- Le dépaysement total
Merci à Romain pour son récit de voyage, j’espère que son aventure en Transsibérien vous a plu 🙂 N’hésitez pas à laisser un commentaire pour poser vos questions, donner votre avis ou partager votre propre expérience si vous avez déjà emprunté le Transsibérien.