L’expérience Erasmus est inoubliable. Fabrice nous livre son expérience d’une année à Vienne !
L’interview hebdomadaire devient une véritable tradition pour Votre Tour du Monde. Toutes les semaines, nous publions en effet une interview de personnes comme vous, qui sont simplement passionnées de voyage. Vous souhaitez aussi répondre à nos questions pour faire voyager virtuellement des milliers de personnes ? Rien de plus simple, écrivez-nous via le formulaire « Contact » en haut du site !
Un Erasmus en Autriche (Vienne) !
Dans un article précédent nous vous avions présenté que visiter à Vienne; aujourd’hui nous vous faisons découvrir Vienne sous l’angle d’un étudiant Erasmus y ayant séjourné une année entière. Bonne lecture 🙂
Qui es-tu ? Que fais-tu?
Je m’appelle Fabrice, je suis actuellement en première année de Master Affaires européennes à Sciences Po Paris. L’an dernier j’étais à Vienne, en Autriche, pour ma troisième année d’études (obligatoirement à l’étranger à Sciences Po). Pour l’instant je suis encore dans un schéma universitaire que j’essaye de compléter par des stages et mon engagement associatif aux Jeunes Européens.
Décris-nous en quelques phrases le pays où tu te trouves.
L’Autriche est assez difficile à décrire. C’est une espèce d’île au milieu de l’Europe. La vie y est incroyablement calme et reposante, dans un environnement montagneux à l’Ouest et impérial à l’Est. On y est à la fois bloqué dans la tradition (l’Empire Austro-Hongrois a clairement laissé ses marques) et le contemporain. Les Autrichiens sont plutôt épicuriens semble-t-il. C’est un carrefour de l’Europe, tout est à proximité, tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur (Vienne est au centre d’un réseau de capitales européennes), tant d’un point de vue géographique que culturel. L’Autriche se décrit par deux mondes opposés : la vie montagnarde de La Mélodie du Bonheur mais également le Vienne de Sissi et du Troisième homme. Tout cela coexiste dans une très petite superficie.
Pourquoi as-tu choisi ce pays ? Quelles étaient tes motivations ?
La première raison qui m’a poussé à partir ça a été une obligation universitaire. Mais même sans cela, je crois que j’aurais voulu partir. J’aime voyager et j’aime l’Union européenne. Alors au début, j’avais pensé à Berlin : le couple franco-allemand, le socle de l’Europe etc… Mais au final, j’ai choisi Vienne. D’abord, une condition première de ma destination était de choisir un pays germanophone. Choix restreint me direz-vous. Certes. Mais l’Allemagne, je la connaissais déjà pas mal, pour y être allé maintes fois. Et Vienne avait, dans mon imagination, quelque chose d’atypique, d’hors du temps. Je n’ai pas été déçu. Ensuite, pour l’Européen que je suis, Vienne présentait de nombreux atouts. C’est d’abord LE carrefour culturel de l’Europe, tous les grands artistes (tous domaines confondus) s’y sont retrouvés. Politiquement, l’Autriche c’est la Mitteleuropa, soit l’histoire commune avec des pays de l’Est. Et leur entrée dans l’Union depuis 2004 en font des destinations à ne pas manquer pour quiconque nourrit la même passion que moi. C’est donc toutes ces raisons qui m’ont poussé vers Vienne : la langue, l’art, la politique, l’histoire.
Oh ! Aussi dois-je mentionner les viennoiseries ? Elles n’ont pas joué un rôle crucial dans mon choix mais c’est un plus non négligeable !
Es-tu parti seul ou avec des amis ?
Je suis parti seul. Et heureusement ! Certes je n’étais pas le seul étudiant de Sciences Po Paris à partir mais, d’une part, nous étions peu. Et d’autres part je n’ai pas vraiment noué de liens d’amitié forts avec mes camarades partis avec moi (sauf une amie polonaise). Je n’ai aucun grief contre eux mais cela m’a permis de rencontrer tant de nouvelles personnes d’horizons différents, de pays et de cultures différentes ! J’ai pu éviter un entre soi.
As-tu vécu un choc de culture important ?
C’est difficile de répondre. Oui et non. Oui parce que Vienne fonctionne d’une manière complètement différente de Paris, c’est beaucoup plus calme et détendu. Les mentalités sont différentes. Un exemple tout bête : les passages piétons. En France, si le feu est rouge et qu’il n’y a pas de voitures, on passe. En Autriche, qu’importe l’heure, la taille de la rue et la densité de circulation, si on est piéton et que son feu est rouge : on ne passe pas. Cet exemple c’est pour insister sur la rigidité des Autrichiens sur les règles. Ils savent s’amuser, sortent comme tous les jeunes etc… Mais ils donnent l’impression d’être très soucieux des règles. Aussi, ils sont fortement attachés à la tradition. Mais tout ça ce sont des détails car malgré tout Vienne est un symbole d’une culture européenne commune et des repères – historiques mais pas que – font qu’on s’habitue très vite à la vie sur place.
As-tu facilement réussi à t’intégrer parmi les locaux ?
Pour le peu que j’ai pu rencontrer, ça a été. On dit des Autrichiens qu’ils sont froids et distants. J’aurais tendance à dire qu’ils sont plutôt courtois et timides. Ce sont rarement eux qui viendront à la rencontre de l’autre et pour briser la glace il vaut mieux être celui qui fait le premier pas (pour cela, observer la drague en boîte entre deux Autrichiens c’est très amusant). Ils engageront alors la discussion sans trop de problèmes. De plus, la plupart des Viennois que j’ai pu rencontrer étaient très francophiles, ce qui aide forcément.
Cela dit, j’ai eu quelques difficultés à rencontrer des locaux mais cela est entièrement ma faute. La bulle de l’étudiant Erasmus est tellement confortable qu’il est difficile de s’en défaire et de rencontrer d’autres étudiants que ceux en échange, ce qui est dommage mais pas désespérant non plus.
Qu’en est-il au niveau de la langue du pays ? Apprentissage difficile ?
J’apprends l’Allemand depuis ma 6ème, soit 10 ans déjà. Et malgré tout, je trouve le moyen de ne pas être bilingue. J’aime la langue. Et j’arrive à tenir une conversation normale. Mais je ne me sens toujours pas à l’aise. Comprendre, ce n’est plus un souci (plus vraiment). Mais dès qu’il s’agit de parler, je me perds, je cherche mes mots, la grammaire etc… En plus on m’avait prédit un accent terrible en Autriche. Mais à Vienne, ça ne m’a pas trop marqué, donc cela n’a pas été une gêne.
As-tu fait quelque chose dans ce pays que tu n’avais jamais fait auparavant ?
Plusieurs même ! Pour la première fois j’ai participé à une Oktoberfest… Et je n’aime même pas la bière. Mais bon, folklore oblige. C’est surtout culturellement que l’Autriche a été une terre de nouveautés pour moi, notamment en termes de musique. Je n’y connais absolument rien. C’est en Autriche que j’ai assisté à mon premier ballet, mon premier opéra. Ça a été une révélation ! J’ai aussi été à un vrai bal pour la première fois, et ça, c’est quelque chose.
Quel est ton meilleur souvenir ?
Justement, c’est ce même bal qui est mon meilleur souvenir. C’était tout bonnement magique. Se faire beau pour une soirée, dans l’ancien palais impérial de Vienne, au bras d’une cavalière qui s’est pouponnée pour l’occasion, traverser le centre-ville de Vienne dans un froid de fin janvier… C’est magique, il n’y a pas d’autres mots. Là-bas, la saison des bals c’est une vraie institution. Je suis resté toute la nuit, en répétant les mêmes mouvements basiques de valse que j’avais appris. On discute avec les autres étudiants que l’on croise (c’était le bal d’une université), on se prend pour un mondain tout en sirotant un kir ou en dansant la valse. Un savant mélange de Sissi et Metternich. Une nuit unique mais qui restera à jamais graver dans ma mémoire.
Bien entendu, j’ai plein d’autres souvenirs qui me viennent en tête et ça a été difficile de faire un choix.
De la même manière, le pire ?
Mon année a été tellement merveilleuse et forte en émotion que je m’attarderai sur des détails futiles. Les boîtes de nuit : le Pratersauna et le Flexx. Je peux comprendre que ça plaise à ceux qui aiment le « bon son » et l’électro minimaliste hipster. Moi, en boîte, j’ai besoin de commercial et de « musique de biatch ». C’est vous dire toute la torture qu’a été pour moi ce séjour !
Évidemment, j’ai eu des moments de tristesses, marqués par les départs (de mes amis et le mien). Le pire moment de tout échange c’est sans doute la multiplication des adieux, à la fin de chaque semestre. Ça fend le cœur, clairement.
As-tu expérimenté des plats improbables ?
Des plats à proprement parler : non. Toutes les spécialités que j’ai goûté était délicieuses mais rien d’atypique. Mention spéciale pour les « Mozartkugeln » (littéralement « boules de Mozart ») qui sont des boules de pâte d’amande entourées de chocolat. Autant dire que ma prise de poids – qui incombe à tout étudiant en échange – en est la directe conséquence. Maintenant, ce qui m’a particulièrement surpris, ce sont les « Spritzer ». Les Autrichiens ont l’habitude de TOUT faire « gespritz ». En gros, ce sont des boissons que l’on mélange avec de l’eau pétillante. Et même surtout le vin blanc… Sacrilège, je sais.
Quel moment t’a le plus marqué pendant ton séjour ?
Les premiers jours de mon arrivée et les derniers jours de mon départ. Ce sont des sensations étranges qui se passent en nous. Avant de prendre l’avion, j’anticipais une peur viscérale mêlée à de l’excitation mais au final rien de toute ça. Tout s’enchaîne tellement vite et en une semaine on a déjà fait le tour du centre-ville, repéré les endroits où l’on mange les meilleures Sachertorte, on s’est déjà baigné dans le Danube. Et finalement ce n’est qu’après coup qu’on se rend compte à quel point tout est différent. Il en est de même pour le départ. On anticipe une grande tristesse, alors on se balade dans nos endroits préférés, se promettant d’en garder l’image à vie. Mais finalement, une fois de retour en France, rien n’a changé, et on a l’impression de n’être parti qu’un weekend. Ce n’est que plus tard qu’on réalise tout ce qu’on a fait. En résumé, mon départ et mon arrivée m’ont marqué en ce sens où ils ont assuré une transition d’une manière tout à fait naturelle entre deux époques de ma vie, d’une manière radicale mais douce.
Quels sites et villes marquants as-tu eu l’occasion de visiter pendant ton séjour ?
Je dois admettre que je n’ai pas beaucoup visité l’Autriche. A mon grand regret. Je me suis mal organisé et il y a tellement de choses à faire ! Cependant, de ce que j’ai pu visiter, je conseille fortement le petit village d’Hallstatt, perdu au milieu du pays, au bord d’un lac et entouré de montagne. C’est bougrement typique ! Et tellement mignon. Une journée suffit amplement mais ça vaut clairement le détour.
Autrement, l’avantage de Vienne est que c’est à proximité de plein d’autres capitales. J’ai pu ainsi visiter Bratislava (bon, ce n’est pas extraordinaire), Budapest (allez-y ne serait-ce que pour les bains), Prague (géniale) et Venise (extraordinaire). Toutes ces villes sont très faciles d’accès et valent clairement le détour !
Qu’as-tu rapporté de ce pays ?
Tellement de choses futiles ! D’abord beaucoup de Mozartkugeln, qui sont introuvables en France. J’ai tout fini cet été et je ressens comme un manque. Ensuite, beaucoup de babioles qui vont de la tasse au drapeau, en passant par les magnets et le pull de l’Université de Vienne. Mais aussi, un objet insolite duquel je suis très fier : un canard en plastique habillé façon Mozart. Je n’ai pas compris pourquoi toutes les boutiques souvenir de Vienne vendaient des canards en plastique aux effigies des célébrités autrichiennes, mais ça m’a beaucoup plu.
Souhaites-tu retourner dans ce pays ou même y vivre ?
Retourner dans ce pays, c’est certain. J’y ai tellement de souvenirs, tellement d’endroits auxquels je veux retourner. J’ai besoin de parler allemand. C’est comme une seconde maison là-bas pour moi. Y vivre je ne sais pas, tout dépend de l’opportunité qui s’y offre. Tout quitter définitivement, c’est dur à imaginer. Là, je savais que j’allais revenir. Donc je ne peux pas vraiment dire si je m’y installerai un jour… Mais je reste ouvert.
Des conseils pour des gens qui voudraient s’y expatrier ?
Parlez allemand. Déjà. La plupart des Viennois ont des bases en anglais mais ils seront plus enclins à engager la discussion. Ensuite, sortez des lieux touristiques. Ils ont leur charme mais la vie « underground » de Vienne est extrêmement fournie. Oh, et allez régulièrement à l’opéra, au théâtre ou au Musikverein (sorte de Salle Pleyel locale), ne vous privez d’aucun événement culturel. Sérieusement, ils le valent tous.
Des conseils pour des gens qui voudraient s’y expatrier ?
Le coût de la vie est définitivement moindre qu’à Paris ou d’autres grandes villes de France. Ne serait-ce qu’au niveau des loyers, on peut s’en tirer avec 500€ par mois pour un appartement grand et plus que décent. Le bon plan c’est la colocation, clairement. Ensuite, les transports ne valent pas cher, surtout si l’on est étudiant. J’avais fait le calcul et on dépense par mois facilement moins de 1000€ (tout dépend évidemment de votre train de vie et, en Erasmus, entre les voyages et les cafés, on dépense vite).
Quelles sont tes prochaines destinations ?
Celles que mon emploi du temps et mon portefeuille me permettront ! Plus sérieusement je n’ai aucune idée, je n’ai pas vraiment d’idées. J’aimerais beaucoup aller dans les pays du Nord de l’Europe, de Dublin à Helsinki.
As-tu des quelque chose à rajouter?
Je pense avoir tout dit. Je me contenterai d’un conseil : allez-y ! Comme l’a chanté Barbara : « c’est beau, Vienne ». Aussi je me permets de conclure par une photo de la façade de la Maison Hundertwasser (du nom de l’artiste). C’était mon coin fétiche à Vienne, elle est vraiment jolie et il y a généralement peu de monde autour, comme c’est dans un quartier peu touristique.
Si comme Fabrice vous êtes un amoureux de l’Europe (on parle de l’amour, du vrai!), n’hésitez pas à consulter nos autres articles sur notre blog de voyages!