Être au Pair à Berlin : l’exemple de Maëlys

Après avoir interviewé Ysé sur sa vie à Berlin, c’est au tour de Maëlys de répondre à mes questions pour savoir comment elle a vécu son expérience de fille au pair dans la capitale allemande.

Être au Pair à Berlin

 

Bonjour, peux-tu te présenter ?

Salut, je m’appelle Maëlys et j’ai 24 ans. Je viens de Loire-Atlantique où j’ai fait toute ma scolarité à l’exception de trois mois à Königs-Wusterhausen (région Brandebourg, proche de Berlin) lorsque j’ai participé au programme d’échange de trois mois (Brigitte Sauzay) en seconde. J’ai ensuite fait des études de droit à l’Université de Nantes jusqu’au Master 1 puis je suis allée sur Strasbourg pour mon Master 2. Pendant ces 5 années, je suis partie onze mois à Berlin (entre la première et la deuxième année) et un an en Autriche (entre le M1 et le M2) en tant que jeune fille au pair.

Pourquoi es-tu partie en Allemagne? Et pourquoi as-tu choisi Berlin ?

J’étais à la recherche d’un job d’été à l’étranger lorsque je suis tombée sur une annonce sur le site de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (OFAJ) d’une famille franco-allemande qui cherchait une jeune fille au pair pour une année à partir de fin juillet. Ils vivaient actuellement en France mais déménageaient à Berlin pour le travail du père. Après ma première année de fac, je n’étais pas convaincue que le droit était fait pour moi. A vrai dire, j’ai voulu prendre une année sabbatique après le bac comme beaucoup d’Allemands le font notamment, mais je m’étais dit que les études de droit étant longues et qu’il valait mieux commencer tout de suite. Alors quand j’ai vu cette opportunité, j’ai décidé de leur écrire. On a eu un entretien par skype et assez rapidement, ils ont accepté que je devienne leur au pair. Je n’ai donc pas vraiment choisi la destination mais je parlais allemand et je rêvais de mieux découvrir Berlin.

Est-ce qu’il y avait des préparatifs particuliers à faire?

Il n’y a eu aucun préparatif particulier puisque l’Allemagne fait partie de l’UE. Par contre, j’ai eu la chance de passer un WE avec la famille avant de commencer mon séjour au pair. En effet, ils fêtaient leur anniversaire de mariage près de Bordeaux et quand leurs baby-sitters/animateurs se sont désistés, ils m’ont proposé de venir les remplacer avec un ami. J’ai donc pu rencontrer toute la famille et leurs amis quelques semaines avant de partir à Berlin.

La Porte de Brandebourg, symbole de la ville de Berlin

As-tu vécu un choc culturel important ?

J’avais déjà fait plusieurs séjours en Allemagne pendant ma scolarité donc je n’ai pas eu de gros choc culturel. Par contre, j’ai été surprise de voir les Berlinois (d’origine ou d’adoption) la bière à la main dans les transports en commun dès la fin d’après-midi. J’y étais pendant l’Euro 2012 et c’était vraiment la folie à cette occasion. Les Allemands étaient très fiers de leur équipe. On voyait des drapeaux sur les rétros, aux fenêtres et petits et grands regardaient les matchs soit sur écran géant (j’ai eu la chance d’assister à un match à la porte de Brandebourg, grosse ambiance), soit entre amis/voisins à la maison ou dans un bar.

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ta nouvelle vie ?

C’était la première fois que je partais aussi longtemps loin de chez moi et dans un cadre hors scolaire/universitaire. Autant dire que j’ai adoré cette nouvelle liberté qui s’offrait à moi ! Pendant mon temps libre, j’ai pu découvrir Berlin, rencontrer des Allemands … La ville a énormément à offrir niveau culturel et sorties puis elle est très moderne. Je vivais à Reinickendorf, dans un quartier plutôt tranquille du Nord-Ouest où je pouvais me balader en forêt ou me baigner dans le lac. Je n’avais pas du tout l’impression d’être dans une capitale bien que Berlin Mitte se trouve à une demi-heure. S’occuper d’enfants reste une grande responsabilité, mon expérience au pair m’a permis de gagner en confiance en moi et de m’adapter à beaucoup de situations (l’emploi du temps des familles pouvant souvent varier).

A l’inverse, qu’est-ce que tu n’apprécies pas trop ?

Ma famille au pair étant franco-allemande, je parlais français avec les enfants. Heureusement, j’ai rencontré des Allemands avec qui je pouvais pratiquer la langue. Toutefois, j’ai certainement moins progressé que si j’avais été en immersion totale dans la langue de Goethe comme ce fut le cas ensuite lors de mon séjour au pair en Autriche.

Le château de Charlottenburg de nuit

Y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?

J’ai mis quelque temps à prendre mes marques dans la famille. Au départ, j’ai surtout observé comment la famille fonctionnait et tâché de faire pareil lorsque j’étais avec les enfants mais ça ne me convenait pas toujours. Les enfants étaient bien éduqués mais ce n’était pas forcément la manière dont je fonctionnais. De même, je vivais avec la famille et ce n’est pas toujours facile de séparer travail et temps libre.

De même, je vivais avec la famille et ce n’est pas toujours facile de séparer travail et temps libre.

Les enfants me considéraient comme une grande sœur et non une employée, ce qui est préférable mais ils ne comprenaient pas toujours que quand j’étais en congés, je n’avais pas forcément envie de jouer avec eux. J’ai rapidement posé mes limites en expliquant que si ma porte de chambre était ouverte, ils pouvaient venir me voir et que dans le cas contraire, j’étais occupée. J’ai vite compris que le dialogue était la clé d’une bonne relation entre la famille et moi. Si je voulais sortir en semaine ou si j’avais quelque chose de prévu et ne pouvais pas récupérer les enfants à l’école, j’en parlais aux parents et on s’arrangeait au mieux. De leur côté, ils tâchaient de me prévenir assez tôt de leur emploi du temps pour que je puisse m’organiser.

Tu as longuement habité en France… Alors, tu préfères vivre à Berlin ou notre cher pays?

Je viens d’une commune de 2 000 habitants où tout le monde se connait et il n’y a pas grand chose à faire alors forcément à côté, Berlin c’est le top. Je ne sais pas si je préfère Berlin à la France pour autant. En France, j’ai toute ma famille et beaucoup de souvenirs donc ça restera toujours mon port d’attache. Une chose est sûre, la mer m’a manquée quand j’étais à Berlin.

Cette expérience au pair à Berlin m’a donné envie de m’expatrier de nouveau, de découvrir de nouveaux pays et leur culture. Celle-ci s’étant d’ailleurs bien passée, je suis repartie comme au pair deux étés en Grèce, deux étés en Italie et un an en Autriche. J’ai désormais ce besoin de bouger fréquemment, de rencontrer de nouvelles personnes …

Comment est le marché du travail là-bas ?

Je peux seulement parler de ce qui concerne les jeunes au pair (fille ou garçon). Comme dans de plus en plus de familles, les deux parents travaillent et que l’école se termine en début d’après-midi, les Allemands recherchent beaucoup des jeunes au pair pour s’occuper de leurs enfants jusqu’à leur retour.

Les fameux ours de Berlin

Et le coût de la vie à Berlin est-il très important ?

Le coût de la vie en Allemagne est moindre qu’en France en ce qui concerne l’alimentaire : exemples les bières (une pinte à 2,5-3€) ou les kebab (2,5€). Le prix d’un titre de transport est de 2,8€ pour la zone AB.

Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie à Berlin ?

J’étais nourrie, logée, blanchie et la famille me payait mon abonnement de transport ainsi que mon assurance maladie donc je ne saurais le dire précisément. J’avais 300€ d’argent de poche par mois et c’était suffisant pour partir en WE ou en voyage quelques jours et sortir et même mettre un peu de côté.

Les températures ne sont pas trop extrêmes en été / hiver ?

Il fait chaud l’été mais rien d’insupportable. Si besoin, il y a les lacs ou la Badeschiff (piscine dans la Spree) pour se rafraîchir. J’ai eu plus de mal pendant l’hiver quand les températures étaient négatives mais heureusement, il y a le Glühwein pour se réchauffer!

Pour en savoir plus sur les lieux incontournables de la capitale allemande, allez voir mon article Que faire à Berlin ? 

Et les Allemands, qu’en penses-tu?

A Berlin, il y a un vrai melting pot et c’est super. On rencontre facilement des gens de tout horizon. Les Allemands sont plutôt distants donc si on souhaite une relation plus qu’amicale, cela peut prendre du temps. Les apparences ont beaucoup d’importance pour eux. Par exemple, les jardins de mes voisins étaient impeccablement entretenus. Je vais certainement confirmer certains clichés mais ils sont également très ponctuels, respectueux des règles (ne traversez jamais lorsque le feu piéton est rouge) et soucieux de l’environnement.

Le château de Charlottenburg sous la neige

Vas-tu retourner à Berlin ?

J’y suis restée onze mois et j’étais très triste de rentrer mais j’ai ensuite eu l’occasion d’y retourner presque tous les ans depuis. Je m’étais promis de courir le marathon de Berlin alors rendez-vous est pris en septembre prochain. Ce sera l’occasion de revisiter la ville.

Quelle anecdote t’a le plus marquée pendant ton séjour à Berlin ?

Les caddies sont deux fois plus petits qu’en France. Les Allemands préférant faire plusieurs fois leurs courses par semaine plutôt qu’une sortie hebdomadaire. La mère prenait donc deux caddies lorsque nous faisions les courses (pour 6).

Les pages de publicité sont très longues et fréquentes sur les chaînes allemandes. Par exemple, lorsque tu regardes un épisode de 40 min environ, tu auras une page de publicité au milieu de l’épisode et 5 min avant la fin puis l’épisode suivant ou la série suivante enchaînera. Les pages de publicité peuvent durer jusqu’à 15 min pendant les films. C’est pourquoi, même si le programme du soir débute à 20h15, il se terminera à la même heure qu’en France. Autant dire que lorsque les enfants ont souhaité regarder Harry Potter à la télévision, j’ai préféré mettre le DVD.

Un dernier mot, un dernier conseil ?

Si vous aimez les enfants et souhaitez partir pour une première fois à l’étranger dans un cadre un peu structuré (nourri(e), logé(e), blanchi(e) et argent de poche), être au pair peut être la solution. Il existe des agences de placement mais personnellement, je suis toujours partie via aupairworld et je n’ai jamais eu de problèmes. Il faut beaucoup échanger avec la famille au préalable pour bien cerner ses attentes. Et si jamais ça se passait mal, il y a toujours moyen de changer de famille.

Pour plus d’infos sur mes expériences au pair : sacadosetcarteenmain.com

Merci à Maëlys pour son super témoignage sur la vie de au pair à Berlin. Ça vous a donné envie de tenter l’expérience ? 🙂