Aujourd’hui, je vous propose de rencontrer Morgane, une Française partie à la rencontre de l’Île Maurice. Pourquoi l’Île Maurice ? Comment partir ? Quel est le coût de la vie sur place ? Tant de questions qui vont trouver une réponse dans cette interview qui devrait vous intéresser. Vous vivez aussi à l’étranger et vous aimeriez partager votre expérience auprès de la grosse communauté de Votre Tour du Monde ? C’est simple, envoyez-moi un petit mail 🙂
Hello Morgane, peux-tu te présenter ?
Hé bien moi c’est Morgane 26 ans. Je suis originaire du Var, dans le sud de la France. J’ai toujours eu une envie de voyages insatiable. Après ma première licence en Lettres, j’ai « globe trotté » pendant un an avant de passer une licence en management de projets culturels et artistiques. Suite à cela, après diverses expériences professionnelles dans la culture, la rédaction web, les reportages photos, l’accompagnement de groupes étrangers; je suis devenue enseignante, toujours dans l’espoir de partir. Ailleurs. Et j’ai réussi !
Je suis donc actuellement professeur de français, en tant qu’employée locale, et non comme expatriée, (je précise) dans un établissement affilié à l’AEFE à l’Île Maurice depuis quelques mois déjà. Passionnée de voyages, de photographie et de culture, j’ai décidé de vous présenter un peu l’endroit où j’ai posé mes valises.
Pourquoi es-tu parti vivre à l’Ile Maurice ? Pourquoi pas un autre endroit ?
J’ai toujours voulu partir vivre quelque temps à l’étranger. J’ai postulé dans différents pays, un peu partout dans le monde, et la première réponse obtenue venait de Maurice. Mon mari est mauricien, du coup le choix s’est naturellement porté sur cette île de l’Océan Indien. Ce n’était pas un choix évident, mais le statut d’enseignante en France (qui plus est lorsqu’on n’est pas titulaire) n’est pas le même qu’à Maurice, où la profession est toujours noble et respectée.
J’avais envie de voir ce que ça donnait d’exercer ce métier dans un contexte culturel et social différent. Peut être l’impression de pouvoir enseigner avec moins de contraintes…
As-tu vécu un choc culturel important ?
Hum… pas de suite. Les premiers temps, tout est synonyme de vacances : l’océan, le soleil, les noix de coco, les plages paradisiaques, la cuisine métissée… puis vient le moment où l’on découvre l’envers de la carte postale. Le plus gros choc pour moi reste l’écart riches/pauvres que l’on peut rencontrer sur l’île. Il n’existe pas de salaire minimum à Maurice. Les riches sont très riches, et les pauvres… très pauvres. On peut ainsi passer de quartiers de luxe aux maisons de tôle en quelques centaines de mètres.
D’un point de vue plus positif, on pourrait parler de chocs culturels au pluriel. En effet, Maurice est une île très métissée. Les cultures créoles, indiennes, chinoises et occidentales se mélangent pour donner la véritable couleur locale de l’île.
Comme on dit ici « One island, many people, all mauritians ».
C’est une véritable explosion de saveurs culinaires, de musiques, de langues, de traditions et de religions que nous offre ce melting pot de communautés.
Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans ta nouvelle vie ?
Tellement de choses. Finir le travail à 14h30, et filer à la plage déguster un ananas saupoudré de piment (un véritable délice !). L’odeur de la canne à sucre quand je suis en train de faire cours. Les élèves qui sortent de classe en disant « merci madame », ce qui n’arrive pour ainsi dire jamais en France. Entendre parler créole, et le côté parfois kitsch de la culture indienne (la télévision mauricienne en est un exemple parfait). Rencontrer autant de gens différents. Fêter le nouvel an chinois, Holi, Divali, Noël et le Ramadan. Me promener dans Port-Louis, au milieu des échoppes, des marchands de rue. Sentir l’odeur des épices et me sentir perdue dans le brouhaha incessant du fameux bazar de la ville.
En ce moment c’est l’été, il fait 34°C et des mangues poussent dans mon jardin, juste sous les cocotiers.
En ce moment c’est l’été, il fait 34°C et des mangues poussent dans mon jardin, juste sous les cocotiers. Quand il fera moins chaud, j’irai peut être au bord de la mer admirer le coucher de soleil, en regardant les pêcheurs jeter leurs cannes en bambou dans le lagon…
A l’inverse, qu’est-ce que tu n’as pas trop apprécié ?
Les bus locaux. Une aventure à part entière. Bruyants, polluants, dangereux, au son d’une musique extra forte et je ne vous parle pas des cafards sous les sièges, ni des regards lubriques de certains hommes un peu louche, que du bonheur ! Les rencontres avec les petites bêtes aussi… L’araignée de la taille de ma main dans la chambre, le serpent dans la salle de bain, les grenouilles dans le salon, le nid de mouches jaunes au dessus du lit et autres joyeusetés… Mais bon, ça fait partie du jeu !
Il y a-t-il eu des difficultés d’adaptation dans ta nouvelle vie ?
Oui et non, un petit manque de cuisine française de temps en temps, mais honnêtement, on s’y fait rapidement. Ma famille et mes amis me manquent cependant, c’est peut être la seule réelle difficulté. C’est difficile aussi de se faire de nouveaux amis, car la mentalité garçons/filles n’est pas toujours la même qu’en France et la barrière culturelle est parfois importante, surtout pour eux !
Alors, tu as préféré vivre à l’Île Maurice ou en France?
Je ne peux pas vraiment dire. Disons que visiter un pays et y vivre, ce sont deux choses différentes, et qu’au final, quand on vit dans un pays, on finit par n’en voir que ses défauts. Vivre à Maurice est une fabuleuse expérience, mais la France est un beau pays, je m’en rends bien compte, surtout en étant loin. Je pense cependant que je testerai d’autres endroits dans le monde.
Comment est le marché du travail là-bas ?
Très attractif. Énormément d’opportunités avec des emplois du temps et des salaires intéressants. De plus, les diplômes européens sont très appréciés, Maurice ne disposant pas d’une aussi grande variété de formations qu’en Europe.
Le marché des nouvelles technologies est en plein expansion, Maurice se lançant dans la création de « smart cities » et étant une des plateformes numériques les plus importantes d’Afrique, faisant le pont entre l’Europe et l’Asie. L’île est considérée comme un « Hub » au milieu de l’Océan indien.
As-tu quelques conseils à donner pour trouver un emploi là-bas ?
Essayer. On peut facilement trouver son bonheur et les questions de visa sont rapidement réglées. Pas beaucoup de difficultés non plus pour trouver un logement à moindre coût. Cependant le salaire dépend bien souvent du niveau du diplôme et de l’expérience et peut évoluer selon les nationalités. Il faut donc bien se renseigner avant de signer un contrat.
Maîtriser plusieurs langues, aussi. La plupart des Mauriciens sont minimum trilingues (créole, anglais et la langue de leur communauté, voire le français en plus).
Et le coût de la vie à l’Île Maurice est-il plus élevé qu’en France ?
Non,il est bien moins élevé. Et les taxes et impôts sont directement prélevés sur le salaire (ô joie !). Les logements sont bien moins chers qu’en France et si on veut, on peut se faire un repas pour 2 euros. On prend le bus ou le taxi pour pas grand-chose et les fruits tropicaux valent bien moins cher qu’un kilo de pommes en France…
Cependant si vous comptez manger la même chose qu’en France, là le budget sera plus important car Maurice ne produit pas les mêmes denrées et doit donc importer le vin, les produits laitiers, les viandes de bœufs etc. Et tout cela a un prix.
Concrètement, combien faut-il gagner pour avoir un bon confort de vie à l’Île Maurice?
Entre 20 000 et 30 000 roupies, en moyenne. Ce qui fait à peu près entre 550 et 800 euros par mois.
Les températures ne sont pas trop extrêmes en été/hiver ?
On oscille hiver/été entre 16 et 35 °C sur les plateaux, et 22°C et 38°C sur la côte, il y a deux saisons seulement, l’été s’étendant de septembre à mai environ.
Et les locaux, qu’en penses-tu ?
Ils sont géniaux ! Très accueillants et très souriants. J’adore écouter les gens parler créole et entendre les jeunes chanter du sega mauricien sur la plage le dimanche. Les Mauriciens sont très sympathiques, vraiment. Parfois un peu lents, surtout au supermarché quand on est pressé, mais… c’est le rythme des îles.
Autre chose, je suis persuadée à présent que les Mauriciens savent tous très bien chanter, et très bien cuisiner !
Penses-tu retourner définitivement en France un jour ?
Rentrer oui, certainement. Définitivement, ça c’est moins sûr.
Quand conseilles-tu de s’y rendre pour un séjour ?
En avril, fin de saison des cyclones, pas trop de touristes, et un temps splendide !
Sinon en décembre, pour les flamboyants et les litchis ! Un noël à la plage, ça fait rêver non ?
Cependant , je tiens vraiment à dire aux personnes qui voudraient visiter ce pays : sortez des hôtels ! Ne passez pas votre temps à brûler sur la plage ! Vous passez à côté de tout ce qui fait le charme de ce pays. Allez vous promener au milieu des plantations de thé, boire un rhum dans une vieille demeure coloniale à Labourdonnais, vous imprégner de l’atmosphère sereine des temples de Grand Bassin, lieu sacré hindou, faire de la randonnée dans les Gorges de la Rivière noire, y apercevoir les singes et les chauves souris endémiques de l’île. Vous pouvez aussi aller au Morne, patrimoine mondial de l’Unesco et haut lieu de l’histoire de l’esclavage à Maurice. Vous pourrez aussi joue à cache-cache avec les poissons, palmes-masque-tuba à Blue Bay et essayer de voir quelques requins en faisant une petite plongée près des récifs. Pas de risques ici, un bon vieux dicton assure qu’à Maurice, tous les requins sont végétariens !
Alors, par pitié, ne vous enfermez pas dans votre hôtel.
Un dernier mot, un dernier conseil ?
L’Île Maurice est un pays, pas un DOM, ni un TOM. Bien souvent les gens ne font pas la différence, quel dommage… Ce pays a énormément de choses à faire découvrir, et la richesse de son peuple et de son métissage culturel en fait un véritable joyau au milieu de l’Océan Indien !
Merci à toi de me permettre de faire découvrir ce petit bijou de l’archipel des Mascareignes. Et aux personnes qui liront ceci, n’hésitez pas à venir par ici, vous ne le regretterez pas !